Santi Santamaria, décès d'un Grand d'Espagne !
“Nous définissons la société que nous voulons avec les ingrédients que nous mettons dans un plat.”
« Le plaisir de la table, comme le sexe, laisse peu de traces sur le corps, mais tous deux perpétuent la vie : «Nous savons que notre art est éphémère, que les produits que nous mangeons sont éphémères, mais nous savons aussi que la cuisine peut conserver et perpétuer des sensations, une mémoire »
(Santi Santamaria)
Santi Santamaria, chef catalan triple étoilé du restaurant Can Fabes de Sant Celoni (Catalogne) vient de décéder à Singapour d'une défaillance cardiaque ce 16 février 2011.
Il n'avait que 53 ans.
Santi Santamaria, c'était le sommet de la gastronomie espagnole qui respecte et magnifie « le » produit.
Sa cuisine était aux antipodes de l'autre grande personnalité catalane, Ferran Adria, dont il respectait le talent de cuisinier avec lequel il déclarait partager la passion de leur métier.
Il fustigeait cependant, la dérive que représente la cuisine moléculaire de par le remplacement de produits naturels par les productions industrielles (additifs artificiels, colorants ou arômes) et qui pénalisent les agriculteurs, les pêcheurs, les éleveurs et ruinent les terroirs et aussi par la médiatisation de son mentor qui, selon lui influence de façon néfaste les jeunes générations en les entrainant sur des voies aux lourdes conséquences.
Il avait éclaboussé la planète moléculaire avec son ouvrage "La Cocina al Desnudo" (en français, « La cuisine à nu »), manifeste pour la sauvegarde des bonnes pratiques alimentaires dans la gastronomie. Cet ouvrage restera son testament culinaire car il est dédié à ceux qui veulent défendre une certaine idée de la cuisine et du monde où nous vivons car la cuisine fait partie indissociable de la culture.
La Cuisine à Nu, c'est la défense de la «cocina doméstica » (la cuisine comme à la maison ) contre le « déclin gastronomique méditerranéen », celle de la paella, du gazpa¬cho, de la tortilla de patatas, d' el cocido, de la fabada, du marmitako, du pul¬po a la gallega, du cordero asado,dul pisto manchego y las migas ». Ces plats sont choisis car issues de terroirs (Andalousie, Manche, Pays Basque, Galicie, Asturies etc) : La fabada, ou fabada asturiana, est proche du cassoulet dit « toulousain » ; le marmitako, ou ragoût de thon à la basquaise, est une spécialité d'Aitaxi ; le Polbo á feira ou Pulpo á feira de Galice est parfumé au paprika et s'accompagne généralement de pommes de terre cuites dans le bouillon, proche de la rataouille dite « niçoise » ou de la piperade basque ; le pisto de la Manche s'accompagne généralement d'un oeuf au plat ; les migas à base de charcuterie – chorizo, boudin… – sont une préparation à la semoule de couscous).
Cet amoureux de la gastronomie française était un admirateur de Paul Bocuse, Michel Guérard, Louis Outhier, Roger Vergé et Guy Savoy pour ne citer qu'eux. « Pour aimer ma cuisine, il faut être disposé à sentir la nature à travers elle ». C'est avec cette philosophie que Santi Santamaria a fait école; son associé Xavier Pellicer a d'ailleurs décidé de maintenir ouvert le restaurant Can Fabes, « en hommage au professionnalisme, au style, à l'empreinte » de Santi Santamaria